Les écrits de Buraglio, à la fois concis et elliptiques, laconiques et
lapidaires (un peu à la manière de sa propre production picturale)
s'apparentent à un large éventail de critiques de l'époque. Sauf
que l'érudition, ici, est «prise à la légère» : il s'impatiente des
systématisations théoriques proposées par bon nombre de ses
contemporains, à partir du milieu des années 1960. À la construction
de système, il préfère un zigzag et il s'agit bien là d'une forme assumée
dont son parcours rend compte. Pour Buraglio, on sent que l'espace
entre les lignes est aussi éloquent que le texte lui-même.
Les hommages à l'art (picturaux et écrits) sont entrecoupés
d'exégèses assez détaillées (mais toujours partant du point de vue
d'un peintre) d'oeuvres, d'observations sur le jazz, l'architecture, le
cinéma, l'éthique des commissions publiques, la pratique du carnet,
d'extraits de ses lectures. Ce «parcours citationnel», se présente sous
la forme d'une suite de riffs musicaux, de thèmes et de variations,
voire comme les «pancartes écriteaux» dans les films de Godard.
Les écrits constituent des notes sur le monde, «en tant que citoyen,
en tant que peintre». Tout comme les Salueurs d'Hélion, Buraglio
salue ceux qui furent des modèles pour sa propre évolution.
Ainsi qu'il le dit lui même : «La mémoire travaille en étoile.»