Les vingt ans qui constituent les
deux décennies entre 1965 et 1985
séparent deux mondes : avant, on
est dans l'après-guerre, dans l'élan
fondateur des Trente Glorieuses,
dans des rapports de force que rien
ne semble pouvoir altérer, dans
une France encore impériale qui
cherche sa place dans le monde ;
après, c'est un paysage durablement
marqué par la crise qui s'impose,
où la croyance au progrès s'est
fissurée, où la France est européenne tant par choix que par
raison et où, malgré ou à cause de l'alternance de 1981, les
institutions vont rencontrer de nouveaux défis.
Entre les deux la France connaît la transition du
giscardisme, le début de la profonde remise en cause de la
société salariale et du productivisme qui avaient scellé les
consensus comme les conflits d'après 1945. On voit naître
les tendances qui l'emporteront par la suite, l'individualisme
des comportements et la prédominance de la culture de
masse, la pacification des conflits classiques et la naissance
du Front national, l'irruption massive des baby-boomers.
Jean-François Sirinelli brosse un tableau saisissant de ces
mutations et de ces hésitations de l'histoire, qui introduisent
à la France contemporaine.