Le petit peuple est le mal-aimé de l'histoire, soit que l'historiographie
lui préfère les élites à qui profite leur propre discours, soit
qu'elle le pousse en ses marges jusqu'à donner à ce très grand
nombre la figure de l'exclu, soit qu'elle le qualifie de pauvre pour
en faire un intermédiaire privilégié entre Dieu et les hommes.
Pourtant le petit peuple existe au sein même du commun, et il se
nourrit autant de la faiblesse de ses revenus, de ses souffrances et
de ses aspirations que du jugement que portent sur lui les autres
membres du corps social.
Ces quarante-huit communications ont donc eu à coeur de cerner
le vocabulaire complexe qui désigne le petit peuple au Moyen Age,
de décliner les perceptions d'une réalité sociale qui, loin d'être
lisse, laisse apercevoir des strates internes, juridiques, économiques,
culturelles, n'excluant ni des pratiques communes, ni la
possibilité d'ascensions sociales, ni une certaine liberté. Elles se
veulent un bilan sur les recherches en cours et une ouverture pour
une histoire qui ne réduise pas la société médiévale à ses élites ou
à ses marges. Si le pouvoir a été confisqué au petit peuple, sa
capacité d'agir et de participer à l'équilibre social n'en demeure
pas moins vivante. De ce livre, notre vision du petit peuple de
l'Occident médiéval sort profondément renouvelée.