1793, la Terreur obscurcit les Lumières.
Début du XXIe siècle, la France demeure politiquement
hémiplégique.
Pourtant, dès l'origine, des voix dissidentes se sont levées
pour contester l'idéologie du Progrès. Pour dire que la
Révolution peut être totalitaire. Le culte démocratique, liberticide.
Et la modernité, nihiliste.
D'emblée, deux écoles se sont formées. Le courant libéral et
le courant réactionnaire. Tocqueville, Constant, Guizot puis
Aron, Jouvenel d'un côté, Maistre, Bonald, Maurras de l'autre.
Sans oublier les inclassables, de Burke à Boutang. Deux mouvances
qui ont lutté pour leurs idées. Deux mouvances, aussi,
qui se sont ignorées, confrontées, évitées. Pour aboutir à un
dialogue de sourds, souvent mené à fronts renversés. Pour
aboutir à la même incapacité de fonder une commune résistance
face au socialisme. Pour aboutir à un échec partagé.
Voici, longtemps attendue, l'autre histoire des droites en
France. L'histoire intellectuelle dont François Huguenin brosse
ici, avec brio et clarté, la fresque, convoquant les hommes,
les événements, les textes, les pensées, ainsi que les grands
commentateurs étrangers, de Hannah Arendt à Leo Strauss.
Une histoire qui explique pourquoi, contrairement aux autres
grandes démocraties, un pôle conservateur n'a jamais surgi en
France. Une histoire qui permet de penser avec acuité, et en
toute liberté, les débats et les urgences d'aujourd'hui.