«Brève histoire du néolibéralisme retrace un
processus de redistribution des richesses,
une "accumulation par dépossession".
La financiarisation, l'extension de
la concurrence, les privatisations et les
politiques fiscales des États redirigent
les richesses du bas vers le haut de
la hiérarchie sociale. Les néolibéraux
se moquent de l'enrichissement collectif.
Ils lui préfèrent celui de quelques-uns,
dont ils font partie. Plaider en faveur
d'un "socialisme libéral" n'a aucun sens.
Le néolibéralisme n'est pas une pensée
du bien commun. Et pourtant, c'est de cette
conception de l'action publique que nous
sommes aujourd'hui à la fois héritiers
et prisonniers. Le néolibéralisme s'est
transformé en institutions. Ces dernières
ont produit des dispositifs d'intervention
publique, construits sur la durée, qui
façonnent des manières d'agir et de penser.
À commencer par cette quasi-règle de nos
sociétés contemporaines, selon laquelle
le marché serait le meilleur outil de
satisfaction des besoins humains. Formulée
de la sorte, la proposition étonne peut-être.
Elle est pourtant le principal pilier de
l'édifice. Celui que David Harvey nous
invite, en priorité, à abattre.»