Dans les débats actuels sur l'islam, la
question des interdits et des blocages à
l'égard de la modernité revient de manière
permanente. Il est souvent de bon ton de
distinguer un islam ouvert, pacifique et
compatible avec la modernité, d'un islamisme
intégriste, mettant en valeur une approche
intolérante de la foi. Mais cette distinction
est-elle pertinente ? Ne relève-t-elle pas d'abord
d'une attitude «politiquement correcte» ?
À travers un propos incisif, Anne-Marie
Delcambre montre que nombre d'interdits
ou de blocages actuels de la religion musulmane
ne sont pas seulement des dérives
intégristes mais font partie intégrante de
l'islam lui-même. Bien des éléments de
ces interdits se retrouvent en effet dans le
Coran ou dans la tradition la plus établie.
Ainsi du statut discriminatoire des juifs et
des chrétiens, de l'appel à la guerre sainte
voire au meurtre, de la place des femmes,
du regard non critique et non historique sur
les textes fondateurs, de la place assignée
au Prophète...