Avant qu'elle ne soit détruite après la chute de l'URSS, il
existait une stèle étrange à quelques pas de la place Rouge à
Moscou : un monument rendant hommage aux précurseurs
du communisme moderne. Sur la dizaine de noms gravés
dans la pierre, on y trouvait des personnages attendus
comme Marx, Engels, Fourier mais aussi des figures plus
surprenantes : un curé des Ardennes, Jean Meslier ou
encore un moine dominicain qui vivait au 16ème dans un
massif perdu de Calabre : Tommaso Campanella.
Ami de Galilée, accusé à plusieurs reprises d'hérésie,
émeutier, Campanella rédigea un classique de l'utopie :
La Cité du Soleil. Ce petit livre qui allait faire entrer son
auteur dans le panthéon des auteurs révolutionnaires fascine
et intrigue par son originalité. Paul Lafargue lui-même,
gendre de Marx et célèbre auteur du Droit à la paresse
tombera sous le charme de cette oeuvre.
Un marin génois prétend dans un dialogue avoir découvert
une cité qui règne en harmonie avec la nature et où les
hommes sont libres et égaux. Son économie y est planifiée
et demeure au service de la collectivité. A travers cette
discussion, l'auteur pose les bases d'une des toutes premières
utopies connues dans l'histoire.
Une statue de Campanella trône toujours dans son
village natal.
On peut lire sur son socle : «Je suis né pour combattre trois
maux extrêmes, la tyrannie, les sophismes, l'hypocrisie».
Un combat toujours d'actualité.