«Or, un jour, comme je regardais couler la Seine (le coude adéquatement
soutenu par une colonne en béton), je pris conscience
de notre histoire. "Cette fois tu ne peux plus attendre", me dis-je.
Et je formai le projet immédiat d'écrire un roman court afin de
rendre hommage à ma femme, à Julie, et à ce que je nommerais
volontiers leur "petite aventure extra-universitaire". Ayant appris
de mon épouse que mon souhait désormais serait de devenir écrivain,
Julie Scherer devait m'assurer de son concours plein et
entier dans cette nouvelle entreprise. "Cette histoire est cousue de
fil blanc", me dit-elle cependant à la lecture du manuscrit. Avant
d'ajouter : "Il y a beaucoup trop de sentiments dans ce que vous
écrivez. N'oubliez pas que les sentiments ne sont que des raisonnements
mal construits". Cette théorie ne devait pas me faciliter
la tâche, et je restai un long moment sans avancer. Mais, après des
mois d'un labeur acharné, je parvins enfin à remplacer un roman
sincère, et certainement autobiographique, par un roman artificiel
où tout est faux, celui-ci.»