Un soir, en Slovénie, en sortant d'un restaurant,
j'ai vu un homme complètement soûl qui s'apprêtait à
prendre le volant de sa voiture. Je lui ai dit qu'il était
fou, qu'il allait se tuer, et lui ai proposé de conduire à
sa place. Il n'avait rien contre, au contraire. Quelques
instants après, je me suis retrouvée dans une voiture
inconnue, à côté d'un homme inconnu, qui s'était endormi
sur-le-champ. Nous avons roulé longtemps côte
à côte, lui plongé dans le sommeil, moi dans l'histoire
de ce livre. Voilà comment s'écrivent les romans : en
entrant dans la nuit, en essayant de trouver la route,
en écoutant la voix de ses personnages, même quand
ils dorment.