«Si la mort du père est le premier mort d'un fils, que
représente la disparition d'une mère ? Sa fin est autre ; elle
n'intéresse nullement notre identité, notre état de conscience.
Cela remonte plus loin ; très loin dans les abîmes et le silence.
Jusqu'au premier battement de coeur. Elle, disparue, nous
entrons dans le temps de la mort réelle, de la mort sensible.
Nous mourons aussi de son corps ; de sa source à notre
commencement. Ce qui disparaît alors, au-delà du secret, du
corps inséparable, c'est ce qui, en nous, jamais ne cède : le
rêve et la douceur ; un premier pas, les premiers mots ; le pain
chaud et les caresses. Notre seule volonté d'enfance.»