François Bluche, connu du grand public depuis son
Despotisme éclairé (1968) et son Louis XIV traduit d'Oxford à
Moscou, n'est pas seulement historien. À l'instar de son maître
Pierre Gaxotte, il quitte volontiers les sentiers battus. Il se
transforme en polémiste (Lamentable Clio), en critique (Le Petit
Monde de la comtesse de Ségur), en théologien (La Foi chrétienne).
Au grand scandale de ses collègues de Sorbonne, il a même tâté
du roman historique avec Le Journal secret de Louis XIV (éditions
du Rocher, 1998).
Ne restait qu'à devenir mémorialiste : c'est à la mode. Il s'y
est risqué en 1991 (Le Grenier à sel, éditions de Fallois). Nous
n'avons pas voulu le rééditer sans retouches ni corrections, et
sans chapitres nouveaux. C'est aujourd'hui 77 ans d'enthousiasme,
témoin d'une vie atypique, studieuse, parfois aventureuse,
toujours un peu baroque. On y trouvera des portraits inédits :
Bernard de Fallois, Roger Wybot curieusement déguisé en
astrologue, Jean Raspail et Vladimir Volkoff. Mais le même
dosage d'humour et de tendresse. Il sera question de snobs et de
sots, de chats de gouttière et du royaume de Patagonie, des
Salons du livre et de la fin de Satan.