Comment la philosophie peut-elle penser le droit ? Qu'en est-il,
particulièrement, de la prétention que j'émets à la
possession de telle chose et de l'obligation que j'ai d'accomplir
certains actes ?
Disciple parmi les plus remarquables de Husserl, premier phénoménologue
à s'intéresser de près à la sphère juridique, Adolf Reinach
(1883-1917), prématurément disparu, est l'auteur d'une théorie des
«actes sociaux» dans laquelle on a pu voir une anticipation du
«tournant pragmatique» opéré dans la philosophie du langage de
John L. Austin.
Il restait à étudier cette entreprise exceptionnelle pour elle-même,
mais aussi en relation aux grandes synthèses classiques (Kant) ou
contemporaines (Kelsen) en matière de philosophie du droit. C'est ce
que fait le présent ouvrage dirigé par Jocelyn Benoist et Jean-François
Kervégan ; les contributions qu'il regroupe, dues aux meilleurs spécialistes,
apportent un éclairage différent sur l'opposition usuelle
entre droit naturel et positivisme juridique, et renouvellent entièrement
les débats les plus actuels sur la légitimité et le contenu du droit.