Le cheminement de Margerie vers la simplicité et la
clarté passe par ce que Jean-Clarence Lambert
appelait justement une «liquidité heureuse». C'est-à-dire
que la tentation de la courbe, le plaisir des aplats
en couleurs franches, toute l'organisation figurative de
personnages formant l'espace même se résolvent,
d'année en année, en une approche calme et
rigoureuse que dérangent cependant les interstices,
les chevauchements, les courbures. [...] Ce que la
stricte lecture des plans semble classer en une progression
en profondeur est démenti par les rapports de
tons qui suggèrent un «en avant» contraire ; ce que
l'orthogonalité propose, la courbure le met en question ;
chaque ajustement s'inscrit sur une déchirure qui
révèle un champ sous-jacent. C'est ainsi que Margerie,
au-delà de la persévérance dans une recherche relationnelle
froide, débouche sur ce qu'il appelle modestement
une «émotion communicable».
Gérald Gassiot-Talabot
Opus International, 1980
La rigueur, c'est le choix de Margerie. Elle est pour lui
une nécessité. Et la rigueur de la géométrie qui déjà
structurait ses premières toiles figuratives va bien
au-delà de l'exigence plastique. C'est une discipline de
vie. Vivre la peinture, c'est vivre l'ascèse, une attitude
qui dépasse le comportement esthétique, une tension
qui engage la totalité de l'être, de son existence - sans
rupture. Elle assure la continuité. «La toile vierge, c'est
à la fois la prolongation et le refus de la toile d'avant.
C'est encore peindre.» Élaguer, trier l'utile et l'inutile,
ne garder que l'essentiel, c'est la règle qu'il s'est
imposée en quête de simplicité.
Annick Pély
Cimaises, 1987