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Le Ressassement éternel a été publié aux Éditions de Minuit en 1952 (collection « Nouvelles originales », épuisé). Ce recueil est composé de deux courts récits datant de 1935 et 1936, « L'idylle » et « Le dernier mot ». En attirant l'attention sur l'existence « sujette à caution » de l'auteur face à son œuvre, Maurice Blanchot propose dans Après coup (1983) une réflexion sur la difficulté pour l'écrivain d'imposer un sens à son œuvre : « avant toute distinction d'une forme et d'un contenu, d'un signifiant et d'un signifié, avant même le partage entre énonciation et énoncé il y a le Dire inqualifiable. » Faisant le point sur Le Ressassement éternel, il commente ses textes à la lumière d'Auschwitz : « On me demande – quelqu'un en moi demande – de communiquer avec moi-même, en exergue à ces deux récits anciens, si anciens que, sans tenir compte des difficultés précédemment exprimées, il ne m'est pas possible de savoir qui les a écrits, comment ils se sont écrits et à quelle exigence inconnue ils ont dû répondre. Je me souviens (ce n'est qu'un souvenir, trompeur peut-être) que j'étais étonnamment étranger à la littérature environnante et ne connaissant que la littérature dite classique, avec une ouverture cependant sur Valéry, Goethe et Jean-Paul. Rien qui pût préparer à ces textes innocents où retentissaient les présages meurtriers des temps futurs. (...) Et pourtant, difficile, après coup, de ne pas y songer. Impossible de ne pas évoquer ces travaux dérisoires des camps concentrationnaires, quand ceux qui y sont condamnés transportent d'un endroit à l'autre, puis ramènent au point de départ, des montagnes de pierre, non pas pour la gloire de quelque pyramide, mais pour la ruine du travail, ainsi que des tristes travailleurs. Cela eut lieu à Auschwitz, cela eut lieu au Goulag. Ce qui tendrait à montrer que, si l'imaginaire risque un jour de devenir réel, c'est qu'il a lui-même ses limites assez strictes et qu'il prévoit facilement le pire parce que celui-ci est toujours le plus simple qui se répète toujours. »