Novembre 1944. La guerre semble perdue pour une Allemagne prise en
étau entre les Russes sur la Vistule et les Alliés à sa frontière occidentale.
Hitler se convainc qu'une contre-offensive éclair en Belgique pourra faire
éclater la coalition anglo-américaine et lui donner le temps de déployer ses
armes secrètes.
Une concentration militaire de grande ampleur est organisée en secret
dans les Ardennes belges, là où le front tenu par les Américains est le plus
vulnérable. Le 16 décembre, sous la poussée inattendue et brutale de deux
armées de panzers, le front est enfoncé sur cinquante kilomètres. Nombre
d'unités américaines se replient en désordre, mais d'autres résistent héroïquement
dans des températures qui tombent à moins 22 degrés avant Noël.
Plusieurs unités américaines sont encerclées à Bastogne, alors que le mauvais
temps empêche toute opération aérienne de ravitaillement ou de renfort.
Froid glacial, pénurie de vivres, massacres de prisonniers, cadavres piégés,
représailles contre les civils, combats rapprochés, amputations à la chaîne,
snipers, 5e colonne : du 16 décembre 1944 au 4 février 1945, les Ardennes sont
le théâtre d'une guerre totale qui mettra hors de combat 80 000 soldats américains
et sensiblement le même nombre du côté allemand.
En pure perte. Ayant sacrifié ses meilleures unités et ses dernières réserves
contre une armée dont il a gravement sous-estimé les ressources matérielles
et morales, Hitler a joué son va-tout et perdu.
Une fois de plus, Antony Beevor excelle à multiplier les points de vue. Son
récit alterne en permanence entre les niveaux politique, stratégique, tactique et
individuel. Nourri d'une documentation impressionnante, il nous fait vivre cette
lutte à mort telle que la vécurent les états-majors, les officiers sur le terrain
et les hommes du rang - des deux côtés -, sans oublier les civils, avec cette
empathie dépourvue de jugement moral qui est sa marque de fabrique. Antony
Beevor rend à cette bataille, l'une des plus féroces et des plus inutiles de la
Seconde Guerre mondiale, sa juste place dans l'histoire terrible de ce conflit.