Personnalité atypique du monde littéraire par sa trajectoire sociale
- d'un côté, prolétaire, libertaire, autodidacte, de l'autre, chef de
presse chez Grasset, découvreur de voix nouvelles, écrivain,
homme de revues et polémiste - Henry Poulaille (1896-1980) avait
une admiration fervente pour Blaise Cendrars (1887-1961).
«La correspondance, selon Doris Jakubec, est un lieu où se
lisent de façon vivante et ouverte les diverses facettes de la vie
comme de l'art, où les ressemblances comme les divergences
peuvent s'exprimer sans s'annihiler ni se détruire. Cendrars et Poulaille,
tous deux autodidactes et sans diplômes, tous deux passionnés
par les possibilités de la langue orale introduite dans la langue
écrite, tous deux avides de vivre leur temps et de le capter dans ses
forces vives, se séparent sur les plans idéologique et esthétique,
Poulaille restant extrêmement attaché à la véracité et à l'authenticité
qui seules légitiment son travail d'artiste et Cendrars maniant
avec art les possibilités imaginaires et transgressives de fictions en
accord grinçant entre le rêve et le visible.»