Ces appelés qui ont dit non à la torture
« ... En 1959, le jeune Jacquey arrive dans le secteur de Géryville, où l'ALN est très forte. Il est affecté à Kef Lahmar, à 45 km de Géryville, comme infirmier pour soigner les 4.500 nomades habitant quelque 650 tentes, regroupées autour d'un bordj dans le cadre de la structuration-encadrement de la population. Il s'indigne des conditions inhumaines des habitants, écrit à ses parents qu'il meurt quatre enfants par jour, de faim, de maladie et de froid. Pour leur éviter la « corvée de bois », il soigne les prisonniers torturés dans le poste. Il alerte sa hiérarchie médicale et ses camarades. [...]
« Ses lettres à ses parents, Xavier Jacquey, devenu psychiatre, les a retrouvées soigneusement rangées à la mort de son père en 2000 ; « lettres-journal » où il parle de son quotidien avec les conditions précaires des nomades parqués autour du bordj, les exactions des militaires et aussi ses démêlés avec ses supérieurs. [...]
« Ces lettres-journal présentent un témoignage "à chaud" d'une guerre où la torture est banalisée, où les blessés, si personne ne les protège, sont achevés, où des viols peuvent être couverts par l'autorité militaire, où le rationnement alimentaire des civils est réduit plus qu'au minimum... »
Chikh Achrati