La France et les Pays-Bas du Nord, devenus, à la suite de la guerre de
Quatre-Vingts Ans, les Provinces-Unies, ont entretenu des relations
nombreuses mais complexes. Tout semble opposer les deux pays : sur le
plan politique, un royaume de plus en plus absolu et une république ; sur le plan
économique, un État longtemps protectionniste et un autre fondant sa richesse
sur la liberté des échanges ; sur le plan religieux, un roi très-chrétien qui se
veut le meilleur défenseur du catholicisme et une république calviniste mais
tolérante à la plupart des courants religieux de l'époque. Pourtant, il arrive que
les deux pays se retrouvent contre un ennemi commun, l'Espagne ; le commerce
entre eux est important ; les liens religieux sont constants.
C'est ce dernier aspect qu'explore ce volume, à partir d'un colloque tenu à
Lyon les 27-29 septembre 2007. L'opposition entre catholicisme et protestantisme
est évidemment bien présente, que ce soit dans la polémique néerlandaise contre
Louis XIV, dans les terres de mission ou à Orange, mais on se rend compte la
plupart du temps que les choses sont beaucoup plus complexes. En effet, au
moment des guerres de religion et de la guerre de Quatre-Vingts Ans, les
échanges sont constants entre protestants des deux pays, les uns aident les autres,
les modèles circulent des uns aux autres. Plus tard, quand le protestantisme est
persécuté en France, les Provinces-Unies permettront, par différents moyens,
aux huguenots français de pratiquer clandestinement leur foi. De même, les
Provinces-Unies accueillent de nombreux jansénistes français et leur permettent
de diffuser leurs idées vers la France. Elles interviennent ainsi dans les affaires
religieuses françaises. On se rapproche ainsi du cas des Juifs, dont Amsterdam
voudrait bien contrôler les communautés françaises.
Complexes, ambivalents, évolutifs, tels se révèlent être les liens religieux
entre les deux pays, que ce livre cherche à éclairer et à mieux comprendre.