Les fables de Gotthold Ephraïm Lessing (1729-1781), fort
connues et toujours lues en Allemagne, sont dignes de l'être
davantage en France où l'on ne retient le plus souvent que
Nathan le sage (1779), pièce magistrale, il est vrai, et que l'on peut
regarder comme une sorte de testament spirituel... Dramaturge
avant tout, philosophe en même temps que poète, l'auteur n'a
pas négligé le genre peut-être plus modeste de la fable, auquel il
consacre un ensemble fameux de Dissertations... (1759) destinées
à accompagner ses propres productions. Sans doute s'étonnera-t-on
de sa critique de notre La Fontaine qui, à l'entendre, n'est
qu'un conteur amusant... Mais le but de la fable n'est-il pas
d'abord de mettre en lumière une vérité morale ? C'est pourquoi
il convient qu'elle soit aussi brève et simple que possible, le maître
demeurant sur ce point Ésope dont il vante, pour mieux
l'imiter, la concision et l'absence d'ornement considéré comme
superflu... Le jeu du style baroque est ici délaissé dans une inspiration
classique bien caractéristique des Lumières.
La présente traduction inédite est suivie, avec également le
texte original en regard, d'adaptations en vers de poèmes d'autres
fabulistes de cette époque, injustement méconnus, et dont
on goûtera tout autant l'esprit...