Comment ré-enchanter la ville et ceux qui la
gouvernent ? Quels peuvent être les effets de la
politisation locale de l'environnement, autrement dit de
l'appropriation politique d'une revendication sociale
lorsqu'elle est prise en charge, de façon inédite, par des
édiles urbains ? Cette étude de l'émergence de politiques
de protection de l'environnement à Lyon et Montpellier
ne se veut ni historique ni biographique ; elle cherche
plutôt à penser les dynamiques de changement dans la
décision publique à partir des relations diachroniques
d'échange politique ayant conduit à la mise sur
agenda d'une nouvelle préoccupation publique au sein
d'exécutifs municipaux et intercommunaux. L'étude
de la trajectoire sociale, de la position politique et des
relations multiformes unissant militants écologistes
et élus locaux «atypiques» met en évidence le lien
entre quête de légitimation politique et orientations de
l'action publique locale.
À l'heure où le développement urbain durable
représente un gage de modernité, si ce n'est une
nouvelle utopie partagée, l'analyse de la construction
de répertoires antérieurs d'action, depuis la protection
de la nature jusqu'aux visions systémiques d'une
écologie urbaine réinventée, éclaire les conditions et
modalités du travail d'appropriation identitaire opéré
par ces réseaux d'acteurs investis dans le façonnement
de la mémoire collective et l'entretien du sentiment
d'appartenance à une entité à la fois territoriale et
élective.