S'engager, en matière littéraire, c'est accepter de renoncer,
au moins en partie, à la fameuse autonomie de l'art dont les
écrivains, depuis l'âge romantique, sont si jaloux ! Dès lors,
les compromis - ou les compromissions ? - avec la politique,
les impératifs moraux, les diktats juridiques deviennent
inévitables. Surgissent alors, tout aussi inévitables, les
nombreuses questions quant aux modèles, formes et stratégies
de l'engagement littéraire. En quoi une oeuvre engagée
se distingue-t-elle d'un texte de propagande ? La littérature
engagée, en prise sur l'actualité, est-elle vouée à une rapide
obsolescence ? Quel rôle joue la dimension esthétique
dans l'efficacité de la littérature ? L'ironie postmoderne ne
mine-t-elle pas la volonté d'être impliqué ? Qu'en est-il
alors des formes d'intervention actuelles ?
À l'occasion du centenaire de la naissance de Jean-Paul Sartre,
il nous a paru utile de reprendre ces questions, d'en relancer
les enjeux. Tel fut le propos d'un colloque international
consacré aux «Formes et modèles de l'engagement littéraire»,
qui s'est tenu en 2005 à l'Université de Lausanne.
Organisé en quatre parties - Archéologie de l'engagement,
Engagements paradoxaux, Politiques littéraires, L'engagement
aujourd'hui - cet ouvrage propose un bilan de la
réflexion la plus récente sur l'engagement littéraire.