Imaginez une terre couverte d'une majestueuse forêt tropicale,
à la biodiversité exceptionnelle, où des milliers de chercheurs
d'or clandestins viennent défier l'État, la violence et le paludisme,
avec l'espoir de faire fortune.
Ce lieu des extrêmes est le plus vaste des départements
français, et pourtant, en métropole, il ne suscite qu'une indifférence
quasi générale. En Guyane, morceau de France perdu
dans l'immensité du continent sud-américain, la soif de l'or
cause des ravages sociaux, sanitaires et environnementaux.
Empoisonneurs d'Amérindiens, pilleurs de ressources, dévastateurs
de jungle : ces orpailleurs clandestins originaires de
régions défavorisées du Brésil, les garimpeiros, font l'objet des
pires accusations. Leur loi ? Celle des armes. En creusant des fosses
béantes, ils libèrent l'or qu'ils récupèrent par amalgamation
avec du mercure. Tant pis pour la forêt éventrée, tant pis pour la
santé des populations contaminées par le mercure, tant pis
pour le climat d'insécurité qu'ils créent. De leur côté, la minorité
des opérateurs miniers déclarés, pas toujours irréprochables,
essaient de s'organiser et de donner une meilleure image de la
profession, tandis que les gendarmes, dotés de moyens insuffisants,
tentent de rétablir l'ordre républicain. Le drapeau français
flotte sur une terre moribonde. Les pouvoirs publics finiront-ils
par réagir comme il se doit ?
Axel May a parcouru la Guyane pendant plusieurs mois, en
pirogue, sur les pistes et par les airs, de Cayenne à Saint-Laurent-du-Maroni
et des bords de l'Oyapock aux profondeurs de la
forêt, pour rencontrer et faire parler les protagonistes de cette
terrible histoire. Il en a tiré un récit vivant et implacable sur la
Guyane d'aujourd'hui.