La pensée économique de l'Islam du VIIIe au XVe siècle
demeure de nos jours encore largement méconnue. J.A.
Schumpeter n'a pas hésité à qualifier cette période de
«grand vide». Tout au plus, nombre d'auteurs accordent-ils
le mérite à l'Islam d'avoir traduit la pensée grecque. Pourtant
la réflexion économique arabo-musulmane va bien au-delà
d'une simple médiation de la pensée d'Aristote ou de Platon.
L'examen des textes arabes de l'Islam montre, par
exemple, que la loi de l'offre et de la demande n'avait plus
de secrets, ou presque, pour un Ibn Taymiya (1263-1328) ou
un Al-Tilimsani (XIVe-XVe), et que la «mauvaise monnaie
chassait la bonne» disait déjà Al-Maqrîzi (1364-1442). Des
auteurs, comme Al-Muqaffa (720-756/757), Abu Yousuf (731-798)
ou Al-Mâwardi (974-1058), avaient déjà constaté que
«trop d'impôt tuait l'impôt», ce que, un peu plus tard, Ibn
Khaldûn (1332-1406) allait intégrer dans une magistrale étude
dynamique des sociétés.
La contribution de l'Islam à l'élaboration de la pensée
économique est réelle et novatrice dans bien des domaines.
Cet ouvrage a pour ambition de présenter méthodiquement
les grandes idées économiques développées par quelques-uns
des grands auteurs arabo-musulmans du VIIIe au XVe
siècle, et constitue en cela une introduction à l'histoire de la
pensée économique de l'Islam.