Joseph est ouvrier agricole, dans une ferme du Cantal. Mais ce nouveau roman
de Marie-Hélène Lafon n'est en rien un «roman paysan» nostalgique, nourri de
«couleur locale» : la ferme où il vit n'ignore ni les ordinateurs ni les congélateurs.
Et le dimanche, au bistrot du village, quand il a un peu trop bu, les phrases de
Joseph miment celles des animateurs populaires de la télévision. La virtuosité de
Joseph est ailleurs : justement dans la position qu'a son héros d'intermédiaire entre
deux mondes, deux rythmes - celui, immuable, de la «terre» dont il a la charge,
des jours, des saisons, et celui d'une modernité qui bouscule les modes de vie. Mais
peut-on impunément «rester, en regardeur, au bord» d'une faille qui s'élargit ?