La France face à l'Initiative
de Défense Stratégique
de Ronald Reagan (1983-1986)
En 1983, le Président américain Ronald Reagan annonce son intention de réorienter
la stratégie de défense de son pays face à l'URSS. Reagan réfute la vulnérabilité de son
territoire face aux armes nucléaires ennemies. Son but est de rendre ces armes inefficaces
et inutiles, en leur substituant un système de dissuasion non plus fondé sur la destruction
mutuelle assurée, mais au contraire sur la promesse d'une survie commune. Cette
nouvelle stratégie, défensive, s'appuierait sur les technologies antimissiles : leur essor
et leur perfectionnement permettraient de contrer la menace atomique en la vidant
de toute opportunité. Il s'agit de pouvoir détecter, intercepter, et détruire, tout missile
intercontinental avant que celui-ci n'atteigne sa cible. Ainsi les États-Unis seraient-ils
désormais protégés par un grand système de défense antimissile que la presse, acerbe,
qualifiera de « guerre des étoiles » compte tenu de sa nature exotique (armes laser, armes
à énergie cinétique, capteurs, intercepteurs, etc.).
Un imposant programme de recherche et de développement, visant à étudier la
faisabilité technique des composantes de ce bouclier, sera officiellement lancé : l'Initiative
de Défense Stratégique (IDS). La controverse est immédiate et l'Europe s'inquiète.
Problématique pour la cohésion de l'OTAN, l'IDS l'est encore plus pour une puissance
nucléaire alliée comme la France. La rhétorique reaganienne met en effet directement
en cause la viabilité de l'arme nucléaire, facteur d'indépendance nationale. En quoi les
éventuelles technologies défensives spatiales influent-elles sur la dissuasion française ?
Quelles sont les conséquences stratégiques ? Le Président de la République François
Mitterrand voue envers cette problématique une attention particulière.
S'ouvre avec l'IDS un épisode diplomatique important des années 1980, dans lequel
la France fera valoir un positionnement politique ferme et une contre-proposition
pragmatique à vocation européenne, avec le programme EUREKA.