La stigmatisation dans le champ de la psychiatrie et de la santé mentale repose,
à la fois, sur la méconnaissance, l'ignorance des principaux aspects des maladies
psychiques et sur une forme de construction sociale au sujet des troubles psychiques
qui prend appui sur l'identification, chez une personne, d'une marque distinctive
à laquelle est attribué un caractère socialement honteux, en même temps qu'elle
confère à la personne une identité sociale.
Des croyances d'ordre culturel, dont les médias font écho, génèrent la peur de
ces maladies pour le groupe social avec, en corollaire, un fort sentiment de dévalorisation
pour ceux qui en sont atteints. Ils peuvent devenir la cible d'attitudes
négatives, les préjugés à l'encontre des malades psychiques faisant référence à
des notions de violence, de dangerosité, d'inadaptation, d'incurabilité, d'absence
de motivation, voire de paresse. La stigmatisation peut engendrer la discrimination
et le déni des droits légitimes, et constitue un obstacle majeur à leur réinsertion et
à leur accès aux soins. Ainsi se perpétue un cercle vicieux qui alimente la souffrance
et isole davantage les personnes malades, sans parler des effets délétères sur les
relations familiales et sociales, sur l'emploi, le logement, l'insertion sociale, l'estime
de soi, la confiance en soi.
Comment faire évoluer la perception du grand public ? Des actions d'information,
de sensibilisation et d'éducation doivent être renouvelées auprès des élus, des
décideurs, des prestataires de service, sans oublier les médias, qui ont un grand
pouvoir de renforcer ou de minimiser le phénomène d'exclusion. Cette lutte doit
adopter des approches multisectorielles en y associant le monde scolaire, le système
pénal ou juridique, le pôle emploi, les services de logement ou encore l'aide sociale
afin d'améliorer l'humanité des rapports avec les usagers des services de santé
mentale et renforcer la protection de leurs droits fondamentaux.