On ne se méfie jamais assez des journalistes. Pour
n'avoir pas à courir derrière une mémoire qui n'a
jamais cessé de me fuir, je prends des notes. C'est
ainsi que, depuis plus de quinze ans, j'ai consigné sur
des cahiers à spirale la plupart de mes conversations
avec Jacques Chirac.
Alors que son règne arrive à son couchant, il m'a
semblé qu'il était temps de vider mes carnets. Je ne
les avais pas écrits pour qu'ils restent à rancir au fond
d'un tiroir mais parce que le métier qui mène mes
pas consiste à faire la lumière sur tout. Telle est sa
grandeur et sa misère. Si l'on veut garder sa part
d'ombre, il ne faut pas fréquenter les journalistes.
Ceci n'est donc pas une biographie au sens propre
mais plutôt l'histoire d'une tragédie personnelle,
devenue, sur la fin, une tragédie nationale.
C'est cette histoire que j'ai voulu raconter. Une histoire
bien française.
F.-O.G., février 2006