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Franck Chopin n’est pas de ces hommes qui ont eu très tôt un but dans la vie. Nulle vocation chez cet individu sinon celle de vétérinaire, vers dix ans, lorsqu’il aimait tellement soigner les petits mammifères, puis à vingt ans celle de chef de la révolution mondiale (Marx, Engels, Lénine, Chopin) – ensuite plus rien. Ensuite il va faire des études de sciences, qui le ramèneront à s’occuper des animaux – mais son objet d’étude est devenu l’insecte, la mouche plus précisément, qui est un genre qu’on ne soigne pas. Et quatre ou cinq fois dans sa vie, il a disparu deux mois ; comme il connaît peu de personnes, on ne s’est pas trop inquiété.
« Echenoz aime les lieux. Il a un talent fou pour suggérer, décrire une résidence anonyme, un lac artificiel, une gare parisienne, toute la poésie de Paris dans les vitres d’un RER. Il est de cette génération journalistique et voyageuse qui ne croit plus au roman, comme Balzac y croyait : naïvement. » (Jacques-Pierre Amette, Le Point)
« Le narrateur de Lac ne se contente pas de multiplier les rebondissements sans se prendre au sérieux. Des morceaux de réalité sont saisis dans les mailles et les miroitements de ses descriptions pour rire. La banlieue, par exemple, est présente avec une intensité qui renseignera les historiens du futur sur l’urbanisme parisien des années 80. Elle le fera mieux que les photographies, parce que les odeurs rôdent autour des fouillis de formes, les destins s’y faufilent, et les mœurs s’y impriment, comme sur les murs en démolition où restent accrochés des lambeaux de papiers peints usés à la tête des lits, des porte-savons suspendus, et autres vestiges de gestes quotidiens fossilisés. Lac porte également témoignage sur la façon décousue de parler et de se taire, à la même époque – la nôtre. Les producteurs de cinéma seraient bien avisés de repérer l’aigu des répliques. » (Bertrand Poirot-Delpech, Le Monde)