La lecture de cet ouvrage au titre dual - Laïcité(s) - pourra
apparaître consternante au juriste français entendant
exclure dieu de la sphère publique : les laïcités ici évoquées
apparaissent teintées d'une suspecte religiosité. Qu'il s'agisse
de l'Italie, de l'Irlande, du Japon, de l'Espagne, d'Israël, des
États-Unis, des pays du Maghreb ou encore de la Pologne, le
concept de laïcité semble à ce point noyé dans un océan de
religiosité que la spécificité du système français s'en trouve
soulignée. La laïcité appartient à la catégorie de ces standards
aussi utiles que problématiques ; polysémique en diable, cette
notion se décline subtilement, au point que nombre d'États
arborent une laïcité fort théologique. L'analyse des différents pays
évoqués en amont révèle combien le sentiment religieux est
prégnant, au point que la religion constitue le plus souvent le
ciment identitaire premier. Reste à identifier le degré de
compatibilité de la «chose religieuse» avec la «chose démocratique
et libérale» ; espérons que les contributions ici présentes aident à
clarifier la place que l'on doit assigner à l'idéologie religieuse pour
que ses postulats soient compatibles avec ceux de tout État se
prétendant État de droit.