Seigneurs, propriétaires, métayers constituent les classes
sociales fondamentales du Bocage bourbonnais sous l'Ancien
Régime.
Appuyé sur la notoriété du roman-document d'Émile
Guillaumin «La Vie d'un Simple» (1904), le métayage est en
Bourbonnais le mythe intégrateur de la province. Pourtant, entre
les thèses de R. Germain (Moyen Age) et de A. Touret (IIIe
République), la société rurale du Bocage reste, pour l'Ancien
Régime, période de l'essor du métayage, un sujet peu étudié par
l'historiographie.
Une analyse globale de cette société est ici menée, à partir de
l'hypothèse de la coexistence d'un mode seigneurial, fondé sur
le Pouvoir, et d'un mode rentier, fondé sur la propriété foncière.
Du XVe au XVIIIe, une intense dépossession foncière a fait
passer les tenures paysannes médiévales aux mains de
propriétaires rentiers, seigneurs reconvertis ou notables ruraux
roturiers. Les nouveaux propriétaires sont, pour la seigneurie qui
tente de s'adapter, mais qui s'effrite, des tenanciers redoutables.
Alternant l'étude statistique, l'analyse des systèmes et la
micro-histoire des individus et de leur expression idéologique,
ce livre rend compte d'une évolution qui mène du seigneur au
notable foncier. Celui-ci restructure le territoire en un maillage
de domaines métayers. Du fait de la monétarisation croissante, le
fermier se glisse entre propriétaire et métayers comme un
intermédiaire indispensable. Ce fermage permet l'ascension
sociale d'une petite couche de paysans aventureux.