
Vouée à l'impossible, la peinture française ne pouvait
qu'abandonner les voies de l'idéalisation et s'affirmer,
durant le XIXe siècle, comme la consécration d'un formidable
fiasco, in fine. L'analyse du paradoxe promet d'être
féconde. Faut-il y voir plus généralement, comme je le
pense, une défaite à la source de la création ? Le défi relevé
dans ce livre est double. Sa visée est assurément celle d'une
faillite de l'entreprise créatrice, qui garantit son activité et
la reconduit sans cesse, prise dans le vertige d'une salutaire
répétition. Mais il s'exerce également par le biais de la
fragmentation du corps et de la peinture. Delacroix, Géricault,
Ingres par exemple feront valoir, chacun à sa façon,
de singuliers procédés de morcellement, propres à transformer
les destins du corps qu'ils n'auront de cesse de corrompre,
de bafouer et d'humilier. Telle fut l'expérience tragique
de l'humain.
C'est dire si la peinture française au XIXe siècle élabore
à son insu une esthétique subversive, préfigurant sans
conteste l'un des versants majeurs de notre modernité.
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