Le cinéma d'animation est le résultat toujours surprenant
du mélange des techniques graphiques, de l'invention
animée et de pratiques culturelles diverses (bande
dessinée, prestidigitation, photographie, danse...). Cette
hybridité fondamentale se manifeste dans la figurine,
transformée en corps inédit. Des Silly Symphonies - les
contes musicaux de Walt Disney - aux pâtes à modeler
des studios Aardman (Wallace & Gromit, Chicken Run),
des poupées de Jan Svankmajer aux images de synthèse
(Terminator 2), de la miniature de King Kong aux viandes
animées par Manuel Gomez, de Bip-bip et Coyote de
Chuck Jones aux personnages de Tim Burton (L'Étrange
Noël de Monsieur Jack, Les Noces funèbres), sans oublier
les créations de Georges Méliès, Norman McLaren,
Ladislas Starewitch ou des frères Fleischer, le corps de
la figurine est exemplaire d'un cinéma qui montre la
mort au travail, rapproche des univers apparemment
incompatibles. Il est juste, alors, d'aborder le discours
sur l'animation par son envers ; d'évoquer un art qui
triomphe de l'inerte en donnant forme aux fantasmes
morbides, en leur prêtant une vie paradoxale.