Les ouvriers en grève, les usines occupées, les congés payés,
les conventions collectives, les 40 heures... Nous avons tous
à l'esprit ces images de joie, de fierté, de dignité conquise.
Nous sommes nombreux à partager cette mémoire du Front
populaire, grand moment de notre histoire sociale.
En effet, le Front populaire est tout d'abord une série de premières
fois : celle d'une union de la gauche, regroupant les
socialistes, les communistes et les radicaux, celle du pouvoir,
de la confrontation à la guerre, au fascisme. Pourtant, il est
aussi un échec, politique - il ne dure qu'une année -, économique,
et surtout peut-être idéologique. Pour ne pas avoir assez vu
que le véritable danger se situait à l'extérieur, il ne parviendra
pas à son objectif premier : faire pièce au fascisme.
Si Michel Winock déconstruit les mythologies de droite
comme de gauche qui participent encore pleinement de
l'héritage du Front populaire, il pointe aussi la permanence
des questions, voire des impasses, qu'il a mises au jour.