Infusées de mystère et de suspense, ces dix nouvelles le sont tout autant de
cette horreur tranquille que manie avec une éblouissante maîtrise Joyce Carol
Oates dans nombre de ses récits «noirs».
Le décor est vite planté. Il est en général des plus ordinaires. L'atmosphère,
apparemment celle de la banalité quotidienne, est distillée en quelques
phrases innocentes. Mais soudain - un détail qui cloche, une expression un
peu sibylline -, voilà que se répand en vous une vague inquiétude, lentement
transformée en subtile terreur. Allez-vous abandonner votre lecture de peur
de vous noyer dans l'horreur ?
Pas question. Car cette championne de la survie en eaux glauques qu'est Oates
vous oblige à tourner avidement les pages. Vous voulez «savoir», connaître la
fin de ces histoires, vous en libérer. Et c'est à vos risques et périls - le moindre
étant l'insomnie - que vous irez jusqu'au bout de ce génial Salut ! Comment va !
(propre à vous dégoûter à jamais du jogging) avant d'entrer dans l'abominable
Musée du Dr Moses en passant par Surveillance antisuicide (de l'art consommé
du chantage), le terrible Gage d'amour et l'atroce Dépouillement. Quant aux
cinq autres nouvelles, elles sont dignes d'un Edgar Poe ou, avec L'homme qui a
combattu Roland LaStarza, d'un Ernest Hemingway.
Un plaisir - diabolique - jusqu'à la dernière page.