Depuis le milieu des années 2000, un mot s'est
immiscé dans le débat : islamisation. Les
musulmans, dont la population s'accroîtrait
dangereusement, chercheraient à submerger
numériquement et culturellement l'Europe.
L'imaginaire du complot déborde ainsi peu à peu le cadre
de l'islamophobie ordinaire. Si cette perception paranoïaque
était restée l'apanage d'une poignée d'extrémistes, elle ne
ferait pas question, mais elle envahit aujourd'hui l'espace
public, imprègne les discours de politiciens écoutés et les
analyses d'auteurs réputés sérieux.
Cet essai salutaire s'attelle à déconstruire ce qui n'est autre
qu'un mythe et interroge l'obsession collective qu'il recèle.
Il montre ainsi que la «bombe démographique musulmane»
qui serait prête à éclater sur le triple front de la natalité,
de l'immigration et de la conversion relève du fantasme.
Quant au regain de ferveur spirituelle et au renouveau
identitaire des musulmans, ils n'ont pas la signification
conquérante ni même politique que suggère l'épouvantail
de l'«islamisme». Cette réfutation en règle permet enfin
de comprendre pourquoi l'Europe et la France en particulier
ont tant besoin de l'«ennemi musulman».