Entre la fin du XIXe siècle et la Première Guerre mondiale,
le paysage bancaire helvétique connaît une métamorphose
profonde. Deux gestes politiques majeurs sont à l'origine
de ce phénomène : le rachat, à partir de 1898, des principales
compagnies de chemins de fer privés par la
Confédération, et l'ouverture, en 1907, de la Banque
nationale suisse. Une forme d'institution jusque-là freinée
dans ses pleines possibilités d'expansion recueille les
meilleurs fruits du mouvement qui s'engage : celle de la
grande banque commerciale moderne.
De Zurich et de Bâle, la voilà qui commence de tisser son
premier réseau de filiales, qui se dispute la fine fleur du
monde industriel, mais qui s'adosse, aussi, à ses «amies» de
Londres, Paris, Berlin, Vienne ou New York, pour développer
ses affaires, tout en jouant des rivalités entre grandes
puissances pour s'affirmer, déjà, sur les marchés d'Europe et
du monde. La présente étude, fondée sur des archives privées
inédites, retrace cette phase décisive de l'histoire bancaire
suisse.
À l'analyse historique d'ensemble s'ajoutent les apports d'une
démarche biographique et monographique originale : on y
suivra la trajectoire d'un fils d'horloger graveur des
montagnes neuchâteloises, Léopold Dubois, ex-instituteur
devenu, vers 1900, l'un des principaux dirigeants bancaires
helvétiques, et son action, jusqu'à la Première Guerre
mondiale, auprès de l'établissement dont il devint le
président, la Société de Banque Suisse, à Bâle (actuelle UBS),
l'une des plus considérables banques commerciales de Suisse
au XXe siècle.