La Méditerranée a servi de berceau à l'humanité : dès les temps les
plus reculés, les marins en ont fait leur conquête et les pêcheurs leur
source de revenu. Elle a vu l'émergence, l'ascension, l'apogée et le
déclin de civilisations diverses et prestigieuses. Mais cette mer
nourricière doit aujourd'hui faire face à des problèmes de suroccupation,
de pollution, de surexploitation, d'érosion, de destruction
et d'agressions diverses. Une amorce de réponse a été apportée au
niveau régional par la mise en place d'aires marines protégées. Ayant
d'abord fait l'objet d'une esquisse imparfaite par le protocole relatif
aux aires spécialement protégées signé à Genève le 3 avril 1982, il a
fallu attendre le protocole relatif aux aires spécialement protégées et à
la diversité biologique en Méditerranée du 10 juin 1995 pour que soit
finalisé ce dispositif de protection. La liste des aires spécialement
protégées d'importance méditerranéenne (ASPIM) en est la pierre
angulaire. Se met ainsi en place un réseau d'aires protégées qui
constituera un véritable patrimoine commun méditerranéen...
Les textes internationaux ne faisaient que peu de cas des aires
marines protégées ; elles étaient considérées comme parent pauvre des
espaces protégés par comparaison aux zones terrestres. Aujourd'hui
grâce au Protocole de Barcelone, le droit international a trouvé ses
«muses». Les ASPIM jouent en effet un rôle précurseur dans la
mesure où elles posent les bases d'un statut juridique propre aux aires
marines protégées. Elles permettent de dépasser les insuffisances du
droit international classique et de construire une alternative à la
politique timide des Communautés Européennes dans ce domaine.
Pouvant être transposé dans d'autres territoires, notamment ceux
couverts par le programme du PNUE sur les mers régionales, ce
modèle juridique a désormais acquis une réelle vocation pédagogique.