S'il faut présenter Philippe le Tourneau, on peut dire
qu'il a formé des juristes en les dotant d'une solide
culture générale et juridique. Tous ses écrits convergent
vers la culture, le droit est pour lui ce que le «bassin du
seuil de Naurouze» est au canal du Midi, le réceptacle
des eaux de la Montagne Noire pour mieux alimenter la
féconde «rigole» du Languedoc. Le droit se nourrit de
la culture et l'enrichit à son tour. Le droit a une fin et ne
vaut vraiment que par cette seule fin : la justice. Encore
faut-il contempler au-delà de cette même justice, les cieux
de la miséricorde. Le droit est, selon la formule connue de
Portalis, fait pour les hommes et non le contraire. Former
un juriste, c'est éclairer une conscience. Feuilletons,
cette somme considérable et unique qu'est le Traité de
responsabilité civile et le lecteur ne cessera d'y trouver
citations d'auteurs, références historiques, réflexions
philosophiques ; tout cela non contre la technique, dont
Philippe le Tourneau est un véritable expert, mais au
service d'une technique ayant une fin et un destinataire.
D'où une oeuvre dense, variée, originale, vive, colorée,
sérieuse... sans avoir un ton sérieux (ce qui est souvent la
preuve qu'on n'est pas sérieux !).
Modestement, ses amis veulent lui rendre un hommage
qui puisse lui ressembler, en cheminant hors des sentiers
d'une société conformiste et triste.