Corneille est un monument ancien, considérablement étayé. L'objet
de ce livre est de retirer les étais, mais sans permettre que le
monument s'effondre.
Dans un ouvrage précédent (Corneille de 1638 à 1642), François
Lasserre avait montré que le petit groupe des tragédies éclatantes,
pris pour base immuable du commentaire, n'est pas ce qui traduit
le plus fidèlement la pensée personnelle du poète. Ici, une investigation
minutieuse revient sur deux comédies de 1633, La Galerie
du Palais et La Suivante. Le survol de la carrière met en évidence
les grands tournants de la maturité, de 1644 à 1674.
La contestation du Cid fut le conflit fondateur de la tragédie
politique. Les pamphlets pro-cornéliens de cet épisode éclairent
l'inspiration du poète. Étudiés dans leur enchaînement, ils font,
par ailleurs, sortir de l'ombre le mystérieux «lancier» de Corneille.
Chevalier du Cid inattendu, le bouillant Alexandre de Campion,
noble intrigant, factieux et grand séducteur, quelque peu stratège,
aurait assumé la défense de la pièce. C'est à cet ami que serait
dédicacée La Place Royale. Plus tardivement (1660), en rappel des
diverses crises, furent conçus les Discours théoriques. On tentera
de cerner l'esprit de cette riposte globale.