En 1983, Pierre Péan publie Affaires africaines sur le rôle
de ce qu'on appelle la Françafrique dans l'«émirat noir»
regorgeant de pétrole, dominé par le groupe Elf. Le
scandale créé par le livre vaut à son auteur menaces de
mort, attentat à son domicile, et la rancoeur d'Omar Bongo,
«papa» indéboulonnable de son pays pendant quarante
ans, témoin des relations incestueuses entre l'ex-colonie
et Paris, notamment des subsides versés par le potentat
de Libreville aux partis et au personnel politique de la
métropole.
Vers la fin de son règne, Bongo fait savoir à Péan que,
le temps ayant fait son oeuvre, il aimerait lui laisser son
témoignage. Ce livre-là ne se fera pas, Bongo mourant
en 2009. Mais Péan avait déjà pu glaner assez de
confidences pour amorcer le présent ouvrage, entre autres
sur les débuts de règne calamiteux du successeur d'Omar,
Ali Bongo.
Accusations de corruption, de détournement de fonds
publics, d'assassinats, d'élections truquées avec la
complicité de Paris, de «biens mal acquis» en France
et ailleurs, de folie des grandeurs : tel est le bilan
catastrophique du pouvoir gabonais.