Traumatisé par une mère possessive, amoureux, dans son adolescence,
d'une Vierge de plâtre, Jean-François Mintié avait été guéri de
sa passion par la nature, qu'une voix intérieure lui avait dit être «plus
belle, plus attendrie, plus splendide» que «ce morceau de matière
inerte». «Monté» à Paris, il mène, au milieu d'une foule solitaire, une
existence qui lui semble le renversement de la nature. À l'expérience douloureuse
de la guerre de 1870, s'ajoute la montée au calvaire que constitue
la liaison de Jean avec Juliette Roux, femme de petite vertu. Parenté
du Calvaire avec Sapho, Adolphe... mais ce qui domine dans le roman
de Mirbeau, c'est moins le désaccord d'un couple que les affres d'un écrivain
pris dans les rets d'une mangeuse d'hommes. La tragédie de l'amour,
l'écrivain la situe dans le cadre d'une histoire à portée sociale et à
laquelle il donne une dimension historique, démythifiant l'armée et la
guerre qui ont fait tant de mal à son héros... et à lui-même.