«J'ai toujours aimé la radio - j'écoutais
Le Théâtre de l'Étrange, L'Heure du Mystère
et Le Masque et la Plume quand j'avais
douze ans - mais je n'aurais jamais
imaginé parler dans le poste un jour.
Quand on m'a proposé d'assurer une
chronique quotidienne de trois minutes
dans la tranche d'information du matin
de France Inter, j'ai commencé par dire :
«Je ne sais pas si je saurai faire ça.» Très
justement, on m'a répondu : «Il faut bien
commencer.» Ce qu'on me demandait - du moins, je crois - était de
parler de sciences de manière «oblique». Précise, mais surprenante.
Exacte, mais dépaysante. Bref, au milieu d'une brochette d'informations
souvent lourdes, de tirer les auditeurs par la manche pour les
emmener ailleurs. Ça m'obligeait, moi qui suis pantouflard, à sortir de
mon univers pour en explorer d'autres : le ciel et l'océan, la terre et le
feu, les hommes et les animaux. Je me suis senti tellement libre, dans
l'espace quotidien de ces trois minutes, que je n'ai pas voulu
m'enfermer dans un mot, fût-ce le mot «science». La science, qu'est-ce
que c'est ? Peut-on tirer un trait entre ce qui est «purement
scientifique» et ce qui ne l'est pas ? Est-ce que le mot «science» ne peut
pas s'appliquer à tous les savoirs ? Puisqu'il s'agissait d'une chronique
qui devait tirer les auditeurs par la manche, j'ai voulu que les auditeurs
puissent faire de même avec moi. De sorte que les sujets se sont fait
choisir au jour le jour, au gré des revues, des livres, des messages, des
idées que m'envoyaient tous ceux qui en avaient le désir, et par la
grâce d'une simple page internet. Et même si «Odyssée» m'entraînait
parfois très loin, elle me ramenait souvent très près de nos
préoccupations quotidiennes.