«Lorsque j'étais enfant, j'apprenais "la théorie musicale" dans de petits
manuels (je ne sais pas s'ils existent encore) partagés en deux : le livret vert
des questions et celui rouge des réponses. La première leçon de la première
année était la suivante : "Qu'est-ce que la musique ?" ; et sur le livret rouge,
il était écrit : "La musique est l'art des sons". Quel ne fut pas mon éblouissement,
à l'âge de huit ans, en découvrant cette définition. Je ne sais pas si
ce fut mon entrée dans la "théorie musicale", mais je crois que ce fut mon
entrée en philosophie. Il y avait dans cet énoncé tout le pouvoir magique
des formules définitionnelles. Elle concentrait en quelques mots simples le
mystère des choses impalpables. Je n'ai guère changé d'opinion : la musique
est bien l'art des sons.»
De cette définition banale, «la musique est l'art des sons», ce livre tire
toutes les conséquences jusqu'aux plus éloignées. Chemin faisant, il répond
aux questions que nous nous posons sur la musique et sur les arts. Pourquoi,
partout où il y a de l'humanité, y a-t-il de la musique ? Pourquoi la musique
nous fait-elle danser ? Et pourquoi nous émeut-elle parfois ? Qu'exprime la
musique pure ? Représente-t-elle quelque chose ? Et qu'est-ce que la beauté ?
Est-elle dans les choses ou en nous ? Pourquoi tous les êtres humains font-ils
des images, des récits, des musiques ? Que nous disent du monde réel ces
mondes imaginaires ? Les questions les plus simples sont souvent les plus
profondes. Aucun livre sur la musique ou sur les arts ne les pose avec cette
tranquillité et cette originalité.