Résistances et Guérillas sont des mots
devenus d'usage tellement courant dans
l'actualité que leur évocation paraît ne pas
poser de problème de sens. Et pourtant, la
redécouverte par la grande puissance
militaire américaine depuis le début du
XXIe siècle du danger de guerres asymétriques
contre des résistances nationales (Irak) ou
des guérillas ethno-religieuses (Afghanistan)
doit amener une redéfinition de ces concepts.
Cette redéfinition est d'autant plus urgente
que les guerres contemporaines sont
devenues aussi des guerres du sens et de
l'image et l'appellation autoproclamée de
«résistance» est plus valorisante que celle,
disqualifiante, de «terroriste». Ce présent
volume, issu de la seconde édition des
Géopolitiques de Brest, veut être une étape
de cette redéfinition.
Pierre Laborie synthétise 30 ans
d'historiographie récente de la Résistance en
France pour tenter une définition du concept
de résistance, tandis que le politiste
britannique Simon Murden essaie de
reformuler des notions pertinentes
d'insurrection et de guérilla dans la guerre
globale des États-Unis contre le terrorisme.
Quant à Aude Signoles, elle étudie le cas du
Hamas en Palestine pour tracer une ligne de
séparation entre résistance et terrorisme.
Pour valider ce travail conceptuel, François
Marcot et Hugues Tertrais se sont emparés
de deux exemples historiques, avec la
Résistance en France et le Vietminh en
Indochine, ayant utilisé des techniques de
guérilla et de lutte armée. Mais qu'advient-il
alors des anciens «résistants» ou
«guerilleros» une fois le combat politique
achevé ? L'insertion des résistances dans les
sociétés civiles, pendant et après les
combats, est précisément au coeur des
réflexions contemporaines croisées de David
Garibay sur la Colombie et de Brigitte
Steinmann sur le Népal.