Par leur esprit d'entreprise et leur sens du risque, les banquiers façonnent la société :
ils la financent, la transforment, l'inspirent.
Pourquoi, en dépit de son utilité économique et de son rôle philanthropique, la figure
du banquier est-t-elle incomprise de l'opinion publique ? Pour répondre à cette
question, Jean-Philippe Bidault s'est penché sur cinq moments clés de l'histoire
bancaire française : les révolutions de 1789 et de 1848, l'aventure des Pereire sous le
Second Empire, l'affaire de la Banque industrielle de Chine à l'aube du XXe siècle, et
la chute du Crédit Lyonnais à son crépuscule.
Au fil des tableaux vivants que propose l'auteur, on constate que la banque, l'administration
et la politique ont toujours su se réunir dans d'improbables combinaisons
pour maintenir la confiance lorsque celle-ci vacille. Dans un mélange des genres où
chacun dépasse les conventions, on entend Talleyrand et Mirabeau raisonner en
banquiers, les Rothschild en hommes d'Etat, les diplomates en hommes d'affaires et
les hauts fonctionnaires en capitaines d'industrie.
Et l'on découvre que, comme il y a une raison d'État, il existe une «raison bancaire»
qui condamne le banquier à une position ambiguë, où il suscite à la fois curiosité et
méfiance, hostilité et envie, respect et dérision. Parce que l'argent est affaire de
passion, celui dont la mission est de le faire circuler, inspire à son tour les passions.