«Comme la littérature et le style, mais à un
degré plus observable, mieux quotidien, plus
commodément autopsiable, si vous me pardonnez
l'expression, la syntaxe est une inadhérence,
une inadhésion, une inappartenance, une solution
de continuité, un défaut de coïncidence,
surtout, entre l'homme et sa parole, entre le
moi et son expression, entre l'être et l'infinité de
ses possibles. Quand je dis qu'elle est l'autre dans
la langue, je veux dire aussi qu'elle est, pour
commencer, sinon l'autre dans le moi du moins
sa condition, à défaut d'être sa garantie :
la garantie qu'il y a du jeu, de la place, de
la distance, un faste, un lieu d'accueil pour
l'avenir.»
Sont réunis dans ce recueil les textes de trois conférences
prononcées par Renaud Camus, l'une à la
Sorbonne le 25 novembre 2003, la deuxième à la
faculté des lettres de Dijon le 25 juin 2002, la troisième
au Centre culturel français de Séoul le
29 avril 2004. Ce sont trois éloges : de la syntaxe,
de la honte, du chuchotement. Soit respectivement :
l'autre dans la langue, l'autre dans la conscience,
l'autre dans la voix.