«Tu me ramèneras une petite Thaïlandaise ?» est sans doute la
réflexion que l'on m'a le plus adressée lors de mon départ sur le terrain
thaïlandais. Tout est dit : la représentation fantasmée des Thaïlandaises,
leur objetisation, leur disponibilité, ainsi que l'intérêt du voyage. Avec le
développement des échanges mondialisés, les interactions sexuelles et/ou
amoureuses entre Occident et pays en développement deviennent de
plus en plus fréquentes. À travers l'étude comparative des relations entre
Occidentaux et Thaïlandais ou Malaisiens ce livre explique comment,
par le biais des hiérarchies de genre, de classe et de «race», les acteurs
occidentaux et orientaux tentent de revaloriser leur capital économique,
culturel, social et symbolique. Si en Thaïlande les femmes issues d'une
classe défavorisée peuvent espérer une certaine assurance financière,
dans le pays voisin les femmes d'un milieu aisé souhaitent accéder à
davantage de liberté face à l'emprise de la culture et de la religion locales.
Ce désir de l'autre cache souvent chez les Occidentaux un rejet des dites
«valeurs occidentales», notamment l'égalité des sexes, et une volonté
de retour vers des valeurs considérées plus «stables», «traditionnelles»
et «hiérarchisées». L'auteur démontre ainsi comment les interactions
amoureuses mondialisées sont un instrument de valorisation du capital et
un moyen de redéfinir les hiérarchies sociales.