Ce livre a été conçu à l'occasion de l'exposition «Traces... Fragments d'une Tunisie contemporaine»,
présentée au MuCEM à Marseille, en deux volets, «Fragments 1/», du 15 mai 2015 au 28 septembre 2015,
et «Fragments 2/», du 3 novembre 2015 au 29 février 2016.
Le musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (MuCEM) est un établissement public national
à caractère administratif placé sous la tutelle du ministre chargé de la Culture.
Juin 2012. Une nouvelle incroyable :
«Les affrontements qui ont éclaté lundi soir
dans la banlieue de Tunis auraient pour origine
une exposition d'art contemporain ayant déplu
à des groupes islamistes.»
Il s'agit d'une simple foire d'art contemporain,
le Printemps des Arts de La Marsa, à l'évidence
un prétexte. Si l'intérêt ou la qualité des oeuvres ne
sont même pas en cause, cet événement interpelle
car il fait suite aux difficultés du festival Dream City,
événement artistique créé en 2007 par Selma et
Sofiane Ouissi, qui avait été accueilli en mai 2013 à
L'Estaque sur l'invitation de Marseille-Provence 2013
et de Karwan. L'occasion alors de s'interroger sur
la Tunisie d'aujourd'hui, entre censure, révolution
et fatwas. Dream City, après bien des difficultés,
a eu lieu à nouveau en 2014 en Tunisie.
Cette actualité mouvante donne envie
d'y retourner et telle est l'ambition de l'exposition
«Traces... Fragments d'une Tunisie contemporaine»
conçue, en deux volets, par Sana Tamzini, ancienne
directrice du Centre national d'art vivant de Tunis,
et Thierry Fabre pour le MuCEM.
Sana Tamzini, artiste et commissaire d'exposition,
a joué et joue un grand rôle dans l'émergence d'un
véritable débat d'idées autour de la création en Tunisie,
avec des expositions comme «Fil d'actualités»,
qui s'est tenue en janvier 2015 au musée de la Ville
de Tunis, dans le palais Kheireddine.
L'exposition «Traces» ne saurait prétendre
dresser un panorama exhaustif d'une création
contemporaine foisonnante dans un pays
qui se cherche. D'où la modestie de son titre,
qui révèle pourtant une grande ambition, celle
d'un état des lieux de l'art contemporain dans
la Tunisie de l'après 14 janvier 2011.
Elle présente onze artistes, reliés par un hommage
à Abdelhak el Ouertani, premier praticien tunisien
de la photographie en 1894-1896, après son
apprentissage à Lyon auprès des frères Lumière.
Un véritable sentiment d'urgence rassemble
ces artistes à la recherche de la mémoire,
des traces et des liens distendus.
Jean-François Chougnet
président du MuCEM