Méconnue de son vivant, une artiste new-yorkaise, Harriet
Burden, fait, après sa disparition, l'objet d'une étude universitaire
en forme d'enquête qui, menée auprès de ceux qui l'ont
côtoyée, dessine le parcours d'une femme aussi puissante que
complexe n'ayant cessé, sa vie durant, de souffrir du déni dont
son oeuvre a été victime.
Épouse irréprochable d'un célèbre galeriste régnant en maître
sur la scène artistique de New York, mère aimante de deux
enfants, "Harry" a traversé la vie de ses contemporains avec
élégance et panache, déguisant en normalité triomphante son
profond exil intérieur au sein d'une société qui s'est consciencieusement
employée à la réduire au statut de "femme de" et
d'artiste confidentielle.
La mort brutale de son mari signe, pour Harriet, un retour
aussi tardif qu'impérieux à une vocation trop longtemps muselée
qu'elle choisit de libérer en recourant, à deux reprises, à une
mystification destinée à prouver le bien-fondé de ses soupçons
quant au sexisme du monde de l'art. Mais l'éclatant succès de
l'entreprise l'incite alors à signer témérairement un pacte avec
le diable en la personne d'un troisième "partenaire" masculin,
artiste renommé, dont le jeu pervers va lui porter le coup de
grâce.
Gravitant de masques en masques et sur un mode choral
autour de la formidable création romanesque que constitue le
personnage de Harriet Burden, Un monde flamboyant s'impose
comme une fiction vertigineuse où s'incarnent les enjeux de la
représentation du monde en tant que réinvention permanente
des infinis langages du désir.