Aucun doute n'est plus permis : le système capitaliste global entre à toute vitesse
dans sa phase terminale. Crise écologique mondiale, révolution biogénétique,
marchandisation effrénée et croissance explosive des divisions sociales sont,
selon Zizek, les quatre cavaliers de l'apocalypse à venir.
Mais la mort du capitalisme doit-elle entraîner, comme le croient beaucoup,
la fin du monde ? Non. Il y a un espoir. Nos réponses collectives à la catastrophe
correspondent précisément aux étapes du deuil décrites par la psychologue
Elisabeth Kübler-Ross : déni, explosion de colère, tentatives de marchandage,
puis dépression et, enfin, acceptation. C'est après avoir atteint le point zéro,
après avoir traversé le traumatisme absolu que l'individu, devenu sujet, pourra
discerner dans la crise l'occasion d'un nouveau commencement. Mais la vérité
traumatique doit faire l'objet d'une acceptation et se vivre pleinement pour
qu'ait lieu ce tournant émancipateur.
Notre salut viendra d'une réaction à l'idéologie multiculturaliste hégémonique
qui entrave notre prise de conscience politique, mais aussi par la lutte. La
lutte contre l'autorité de ceux qui sont au pouvoir, contre l'ordre global
et la mystification qui l'étaye, contre nos propres mécanismes d'évitement
et d'aveuglement qui nous conduisent à inventer des remèdes ne faisant
qu'aggraver la crise.
Dans une analyse magistrale, où la géopolitique tient une place de choix, Zizek
nous engage, au vu de l'inéluctable prolétarisation qui entraîne la subjectivité
contemporaine vers le chaos, à repenser radicalement le concept d'exploitation.
Et il détecte en même temps les indices d'une culture communiste possible
dans des utopies comme le «peuple des souris» de Kafka, ou dans celles
que suggère le collectif des surdoués déjantés des Plus qu'humains de
Theodore Sturgeon ou le groupe de rock Rammstein.